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mars
2003
White Light histoire du disque à la page de SEPTEMBRE

 

 

 

White Light : peinture de Jackson Pollock
reproduite sur le disque Free Jazz,
a collective improvisation
by the Ornette Coleman double quartet
.
Microssillon en vinyle noir
enregistré en 1960

 

Le disque se trouve dans les librairies d'art contemporain, chez "les allumés du Jazz" et il est distribué chez les disquaires par " Limonade.org" et par le réseau "Metemkine". Critiques et réactions dans le colonne ci contre.
Mars en bref. Version style électronique plus ou moins télégraphique et rapide du "Journal Web Intime". Début mars j'ai écrit la chronique de quatre disques pour les Allumés du Jazz Points de vue & images du jazz, "The difference between a fish" de Rowe/Doneda/Leimgruber, "Hype Factory" de Jef Lee Johnson", "Jom Futa" de Cheikh Tidiane Fall et "Les lèvres nues" de Pascale Labbé ////////////// Je n'ai pas mis les pieds au festival "Sons d'Hiver" et je ne mettrai pas les pieds à "Banlieues Bleues". A ma grande surprise je n'en ressent aucune frustration. Ce n'est ni du snobisme ni de l'égocentrisme. Leurs directeurs sont des gens mal polis et ils méprisent les artistes vivant à Paris. Ils méprisent les musiciens vivant ici tout prêt de chez eux. Leur programmation est faible, peu excitante et presque sans intérêt. Normal je n'y joue pas. Bon je plaisante. ///////////////// "Bimbo Tower". J'y ai acheté un magnifique T-shirt. Il représente une SP 12 Emulator. Machine devenue mythique dont je possède en exemplaire depuis 15 ans. C'est mon style vieux jeune. !/!/!/!/!/!/!/!/ Samedi 15 mars j'ai été au New Morning écouter "The Nu-Jazz Music Ensemble" avec Jamaamadeen Tacuma : basse, James Blood Ulmer : guitare, Calvin Weston : batterie, Fostina Dixon : saxo. C'était absolument extra extraordinaire, ultra puissant et beau. //////////////////// Mardi 18 je suis passé le soir aux studios "Mercredi 9" pour la sortie du disque "Human Art" au profit de l'association contre la faim. J'y ai rencontré l'extraordinaire auteur du site www.journalinfime.com Depuis plus d'un an ce type ultra discret écrit une sorte de scénario "multi-média" et poétique sur l'air du temps. Sur le sentiment du jour. ///////////////////// Jeudi 20 J'ai rencontré par hasard Jean Rochard dans la rue. Le très pointu producteur "Nato/Universal" partait à la manifestation contre la guerre en Irak. Le soir j'ai écouté le "Novamix" avec DJ Spooky sur Radio Nova au lieu d'écouter et de regarder les débuts de cette ignoble guerre. Pendant une heure il mélangeait brutalement des sirènes d'alertes genre seconde guerre mondiale et des musiques dans tous les sens. C'était beaucoup plus "compréhensible" que tous les reportages sur le guerre possible et imaginable. En tout cas ce soir je n'ai pas un atome d'énergie pour faire de la musique. Mais j'ai envie de rejouer quelque sons ultra violents et renouer avec une expression agressive. Peut-être en rentrant des échos de saxophone dans les Moog. En serai-je encore capable ? Rien n'est moins sûr. Je me laisse vaincre par le virus de la fatigue. Colère inconséquente. Impuissance chronique. //////////////////// La distribution de "White Light" a failli être encore pire que celle de mes précédents disques. Accueil très favorable de la critique mais impossible de trouver le disque… Un vague succès dans les marges du jazz correspond à des ventes tellement dérisoires. Et finalement le miracle se produit le 21 mars. Laurent Cauwet de Al Dante me présente Eric Serva de www.limonade.org qui est prêt à s'occuper sérieusement de la distribution. //////////////////// Samedi 22. Le soir je m'écroule dans un hôtel d'Ajaccio. Fin d'une journée de travail harassante. J'allume la télé. France 3. "Les victoires du jazz" au Palais des Festivals. Le "Midem" à Cannes ! Incroyable. Ridicule. J'éteint de suite. Je m'interroge. Je ne le crois pas. Je rallume la télé. C'est bien "Les victoires du jazz". Plans larges et maladroits sur des places vides. Salle dégarnie. Ambiance sinistre. Des jazzmen pisse vinaigre. Des jazzmen sérieux comme des employés de banque en faillite jouent avec un air pincé et pas du tout sympathique. Heureusement un orchestre d'enfant met le feu à la salle le temps d'un morceau de standard. La réalisation de Jean-Louis Cap augmente le sentiment de malaise. La télévision est une virtuose du mensonge. Elle est aussi une loupe ultra grossissante sur la psychologie de ceux qui ne crèvent pas l'écran. Souvent des gens cultivés et brillants passent pour des idiots et des pauvres types passent pour intelligents et amusants. Même Coltrane ou Miles Davis auraient eu l'air pitoyables dans cette auto célébration absurde. C'est tout dire ! Je n'ai jamais entendu parler de la moitié des jazzmen qui défilaient dans cette galère hertzienne. Je commence à comprendre pourquoi je suis si marginal dans ce milieu. Incommutabilité de la communication télévisuelle. La télévision n'improvise pas. La télévision ne swing pas. La télévision joue uniquement sur l'émotion brutale. Sur l'émotion animale de l'être humain. La télévision est une grosse salope. Elle écrase l'émotion subtile de la musique et sa forme.Elle détruit aussi le sens du rythme. ///////////////////////////////////////// Eva Revox a le plaisir de vous convier mardi 25 mars à la galerie EOF M° Grands Boulevards. Entrée libre! Dress code :: drop out !! (( outstanding electronics )) Malaise et incertitude probablement. D'une nouvelle scène électronique en expansion et adeptes de formes visuelles inédites. Lassés des lieux de diffusion habituels. Nous tenons à instituer un esprit de rencontre et de partage d'intérêts. Prétention insoutenable de ma part. Basé sur l'improvisation le tout sans laptop. Le collectif explore le design comportemental (behaviour design). Modules informatiques en une entité autonome au comportement aléatoire. Le son générant l'image et vice versa. Attitude punk et bizarreries sonores suscitent toujours la surprise. Un groupe de formes animées simulant un micro-organisme au comportement imprévisible. Projet expérimental de musique en temps réel. Un automate musical connecté à des sources éclectiques. CNN ou radio soleil. Pop, samba ou valses viennoises... ///////////////////////// L'excellent Magic Malik interviewé par Fred Goaty au sujet d'Eric Dolphy. "C'est comme quelqu'un qui mettrait les vêtements de ses parents pour les trascher. Il y a un coté travesti, je prends les fringues de ma mère et je fait le ouf dans la maison pendant qu'elle n'est pas là quoi…Si j'étais maman jazz et que Dolphy était mon fils… je lui filerai une baffe d'ailleurs ! mais c'est mon fils, je l'aime hein…" \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\ Beaubourg musée d'art moderne. Trois œuvres m'ont vraiment marqué. Alain Séchas. "Les suspects". Œuvre de 2000. La musique à un rôle cinématographique extrêmement réussi. Il s'agit de "Stielle Nacht" (Douce nuit arrangé par Alfred Schnittke). Un air de Noël. Plus loin SMS "Shit Must Stop". Genre "New York the letter edged in black press" de 1968. Six boites à l'initiative de William Nelson Copley contenant divers objets envoyés par des artistes connus. Un truc me bouleverse particulièrement. La bande magnétique de Terry Riley : "Poppy no-good all night flight (the first ascent)". Pour terminer Naim Jun Paik. Six aquariums dont une des parois est un écran de télévision. Chaque aquariums contenant un poisson rouge affolé. Totalement visionnaire. Fascinant et épatant. J'en ai oublié le titre. /////////////// Je travaille sur des bandes magnétiques de François Dufresne pour le label de Jacques Donguy.Nous sommes entre Bobby Lapointe et les copains de Guy Debord. Formidable avant-garde des années soixante.
Quête du Graal-Moog-Saxo-Fun (suite) J'ai été consulter Disco alias Christophe Mink pour comprendre comment jouer des boucles dans le flux de la musique. Jusqu'à présent je ne jouait que des boucles abstraites sans trop comprendre leur vie intérieure. Les boucles doivent être jouées avec décontraction dans l'allant naturel de l'articulation musicale. Pour boucler la boucle il faut être dans le swing de la régularité rythmique. Certains jours j'ai des vraies crises d'arythmie et je n'arrive à rien. Boucler c'est comme fermer et achever un instant musical. Contradiction évidente puisque je cherche à ouvrir ma musique en la bouclant de manière répétitive. Obsession de la répétition et répétition de l'obsession. Du point de vue technique où est la fin de l'obsession ? Où est le début de la répétition ? Je m'interroge sur le grand mystère du LFO (Low Fréquency Oscillator). Ensuite Champo Villa est venu dans mon studio avec son ordinateur portable et il m'a proposé une sorte de discours parallèle. En ce moment il expérimente le logiciel "Reaktor" qui permet de construire n'importe quelle synthèse sonore virtuelle. Le résultat est très intéressant même s'il ne correspond pas exactement à mes obsessions. Toujours ce foutu problème d'arriver à maîtriser la vitesse du Low Fréquency Oscillator. Maîtriser sa vitesse d'oscillation, donc son tempo, tout en restant dans la sphère analogique. Yes !
Maintenant c'est la guerre depuis 10 jours
Choc et stupeur
C'était la guerre en Irak. Quelle connerie la guerre ! Je vais au New Morning écouter Jef Lee Johnson. "News from the jungle" avec Michael Bland à la batterie et Sonny Thompson à la basse. Ecartez vous bonnes gens ! j'ai attrapé le virus du "Blues Définitivement Aigu et Chroniquement Grave" quelque chose comme le BDA&CG. Maladie contagieuse provenant des USA. Maladie avec un nom de société anonyme. Ce concert fait parti de l'un des vingt plus extraordinaires que j'ai entendu de ma vie. ///////// J'ai l'impression d'être l'homme d'un autre monde. Un individu comme le facteur de Jacques Tati dans "Jours de fête". Le facteur sur sa bicyclette en train de pester contre les américains parce qu'ils roulent en voiture. "Ah bon ! C'est encore les armées (ricains)". Je ne lit presque plus les journaux. J'ai finalement vu très peu d'image de cette guerre. Je n'ai pas de télévision et je ne travaille plus sur l'actualité. J'écoute avec désintérêt la radio pendant quelques minutes. Guerre injuste. Pagaille. Pillage. Absence de projet politique au service de l'être humain. Prise de possession cynique des réserves pétrolières. ////////////// En vérité je vous le dit : on ne sait pas vraiment pourquoi cette guerre a eu lieu, ni ce qui s'est vraiment passé. L'hypothèse de la guerre pour le pétrole est probablement partiellement vraie. L'hypothèse de la guerre religieuse est trouble et inexacte. Ce moment de notre histoire est absolument mystérieux et nous ne connaîtrons seulement les vraies raisons et les faits réels que dans quelques années. Y'a un truc qui nous est caché… ////////////////////// Ce journal de guerre est mis en ligne à la fin de la guerre en Irak. Je n'ai pu m'empêcher de continuer à le rédiger. Difficile d'arrêter un travail en cours de route. Maintenant je vais peut être arrêter de nouveau bientôt. ///////////////////// Hôtel samedi soir à Rennes. Télécommande. Télévision. Zaping organisé. Johnny Be Good sur la chaîne 2 avec l'excellente émission de Guillaume Durand "Trafic Musique". Johnny Bi-route avec son film "X-periment" sur la chaîne 4. John Biroute réalise de belles images BCBG (Bon Cul Bon Gland) assez léchées et bandantes avec une bande son parallèle très réussie. De petites histoires de cul très bien senties racontées en "voix off" par des personnages invisibles. Histoires superposées sur l'image sans articulation narrative. La musique joliment tournée est signée Noël Ackchoté, Charlie O et une certaine H comme défonce. Elle articule son et image de manière très astucieuse. C'est une autre affaire que râles stupides et cris de jouissance bidon invraisemblablement mal synchronisés. La superposition de l'image et du son racontant deux histoires différentes casse l'ennui inévitable de ce genre de cinéma mineur pour personnes majeures. Charnière de la chair. Histoires réelles contre histoires fantasmatiques. ///////////////// Première soirée de la programmation jazz du Batofar. A peine croyable. Adieu la piste de danse. Des petites tables rondes avec une bougie dessus et un public clairsemé de gens aisés assis sagement. Le big band "Vintage" joue correctement des arrangements de Thad Jones. Aucune prise de risque. Virtuosité ennuyeuse et prétentieuse. Une caricature de jazz à la française. J'ai l'impression d'être dans un bateau en train de couler. L'ancienne équipe de programmateurs est bien loin. Le présentateur annonce fièrement cette soirée comme la première présence du jazz sur le Batofar. C'est évidemment faux. J'y avais joué du jazz bien plus moderne et excitant il y a trois ans. ///////////////////// Instants Chavirés "Spinvolver" avec John Oswald & Susanna Hood. L'inventeur du "Plunderphonic" s'est montré comme toujours subtil et inventif. Echantillonnage en mouvement enveloppant le corps de la danseuse. La force d'Oswald réside dans sa façon de situer l'échantillonnage dans un contexte créatif et dialectique. Il n'organise pas un simple piratage de toutes les musiques. Il crée une mesure pour évaluer la reproduction mécanique du son dans son interaction avec l'être humain. Deuxième partie : Otomo Yoshihide (platines) Martin Tétreault (tables tournantes). Ils présentent toutes les variétés de bruit blanc et de bruit rose possible et imaginable. Les disques de vinyle sont grattés et transpercés par des clous et de lourdes aiguilles. Le public absolument enthousiaste jouit en connaisseur du moindre soupir bruitiste et du moindre crissement aléatoire des platines. J'ai une attitude de plus en plus romantique et caricaturale vis à vis de l'univers sonore. Sons purs égale sentiments positifs. Sons sales égale sentiments négatifs. Le propos est bien évidemment ailleurs et j'ai tord de ressentir le son de cette manière déchirée. J'étais ivre. Je me suis mis à insulter mon ancien ami Jacques Oger sans aucune raison valable. Le crissement des tables tournantes m'avait rendu fou furieux. Sur le chemin du retour le mot "amour" était peint au pochoir sur le macadam. C'était la veille de la pleine lune. /////////////// Quinze jours après je suis à nouveau dans une chambre d'hôtel de Rennes. Je décide de me rendre à l'Ubu vers une heure du matin. J'aime bien cette salle où j'avais joué il y a quelques années. Dernière journée du festival "Mythos". Moulu de fatigue j'écoute le groupe "Prohom". Le chanteur me fait un peu penser à Benjamin Ritter. Il a une bonne présence scénique et ne manque pas d'humour. Bons textes assez divertissants chantés dans un style révolté post "new wawe". La musique très bien faite n'avait vraiment rien de révolutionnaire. Je suis parti avant la fin. La nuit du samedi soir de "France3" semble s'être spécialisée dans les programmes de cérémonies genre "Oscar" de quelque chose. Aujourd'hui c'est les "Nidjinski" de la danse présenté à Monaco par Jeanne Moreau. Curieuse manie commémorative. ////////////////////// Pierre Barouh à la Maroquinerie. Formidable. Des chansons habitées et obsédantes. Pierre joue avec une bonne équipe sur scène. Le trio de Jean-Pierre Mas. En cours de concert il sort les remplaçants qui attendent sur le banc de touche. Sa fille à la flûte puis l'équipe du "Kabaret de la Dernière Chance" au grand complet avec Anita Vallejo et Oscar Castro. Puis Françoise Koucheida, Dominic Cravic, Hervé Legeay et un accordéoniste. Pierre Barouh représente l'essence même de la chanson française. Maintenant c'est décidé j'arrête ce journal. Pour l'instant je vais mettre en ligne les chroniques écrites pour "Octopus" et pour les "Allumés du Jazz".

 

"Jusqu'à des paroxysmes vertigineux de polyphonie verbale…Déconseillé aux amateurs de musique d'ameublement." Philippe Carles, Disque d'émoi Jazz Magazine, mars 2003

"Un geste artistique autant que musical, intègre et radical." Alex Dutilh, Jazzman, avril 2003

"Les sons se télescopent, les musiques s'affrontent, les styles se phagocytent, les idées se bousculent." Steven Hearn, Octopus, mars-avril 2003

"The album as a whole is impressive testimony to the diversity and richness of Brunet's world." Dan Warburton, paristransatlantic.com, avril 2003

"Saxophoniste non aligné... Brunet va plus loin dans sa science du clash musical" Philippe Doussot, solenoide.org, avril 2003

"Il s'agit pour moi du meilleur disque sorti cette année" Benjamin Barouh, Saravah No Kimochi, printemps 2003

"Like Pollock, he's one of a group of artist forging a new way of defining art; unlike the American painter who finally discovered a distinctive style, Brunet is still refining his methods." Ken Waxman jazzweekly.com

Original Message -----
From: Claude Closky
To: Etienne Brunet
Sent: Monday, October 07, 2002 3:50 PM
Subject: Lumière blanche !

Moins de bruit, plus de sens.
L'Agence Verte

Plutôt crever que de baisser le son.
Technics

Amicalement, Claude Closky